Désolée, mais j’ai pas envie de glow up
cet hiver.
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Cette semaine, j’ai poussé un gros soupir. Un gros, gros soupir de flemme. Je suis tombée sur la nouvelle tendance de “glow up de fin d’année” : le winter arc. En bref, si on commence le 1er octobre (ce qui veut dire que je suis déjà en retard), on a 90 jours jusqu’à la fin de l’année pour devenir la meilleure version de nous-mêmes. Sur le fond, pourquoi pas. Je suis moi-même une grande adepte des routines, des podcasts sur le développement personnel (couplés avec des épisodes d’Affaires sensibles sur les crimes les plus sordides, il ne faut pas pousser non plus) et des reels Instagram pour mieux m’organiser. Mais par contre, je n’en peux plus qu’on me dise de “glow up”.
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Le glow up, c’est une tendance - et même une typologie de contenus - qui a émergé à la fin des années 2010 et dont la popularité a explosé pendant le premier confinement en 2020. Au départ, il s'agissait simplement de vidéos montrant un avant/après, xune “meuf d’Instragram”, mettant en avant une transformation physique. On ne va pas se mentir, l’ambiance Weight Watchers des années 1990 n’est pas très loin. Le style s’est ensuite élargi à d’autres sujets comme sa santé mentale, le business ou la déco de son salon. Dans les faits, la quête de l’amélioration de soi ne m’a jamais dérangée, mais le fait que ça en devienne une tendance saisonnière, si.
Mon problème, c’est que sous couvert de développement personnel, ces vidéos promeuvent encore et toujours des injonctions sur le quotidien et le corps des femmes. Le winter arc par exemple, au lieu de se concentrer sur le développement personnel et la santé mentale, se focalise sur l’aspect physique des femmes en vous proposant de vous réveiller à 5h30 - c’est un non de mon côté. Ce type de “défi” me rappelle le 75 hard, ce régime radical de 75 jours pendant lesquels il faut suivre 6 règles intenses comme faire 2 séances de sport par jour, boire près de 4 litres d’eau (alors que les autorités médicales recommandent 1,5 à 2 litres) et prendre une photo quotidienne de progression, sans jamais avoir le droit à un petit écart, au risque de devoir tout recommencer à zéro?. Personnellement, je ne vois pas ce que faire du sport 2 fois par jour apporte à mon développement personnel. Et le pire, c’est que c’est un régime inventé par un homme et monté aux nues par des femmes.
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Je suis une femme qui a grandi dans les années..., et qui en plus, a longtemps fait de la danse classique. Autant vous dire que j’ai trimballé mon lot de troubles de l’alimentation et de dysmorphophobie. Ces tendances au glow up me rappellent les défis que je me fixais ados pour manger le moins possible ou brûler un maximum de calories dans mon quotidien. Après avoir passé des années à me défaire de réflexes toxiques, ça me désespère de voir des vidéos de pseudos coachs faire des millions de vues en disant aux femmes que maigrir résoudra leur problème de confiance en elles.
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On se rappelle de la grande époque de Lindsay Lohan et de sa maigreur considérée comme “normale”
Ce qui m’énerve le plus dans tout ça, c’est que cette tendance du glow up décrédibilise le vrai développement personnel dans sa globalité. Parce que, contrairement à ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux, le développement personnel, c’est avant tout atteindre un équilibre dans sa vie professionnelle, personnelle et se sentir épanouie. Depuis une vingtaine d’années, la discipline s’est étoffée, des recherches scientifiques ont permis de mieux comprendre le fonctionnement du cerveau humain et nous permettent d’en apprendre plus pour être plus alignées avec nous-mêmes… Rien à voir avec des photos de progression ou un nombre de pages à lire chaque jour.
Donc non, je ne vais pas glow up cet hiver. Par contre, ça ne m’empêchera pas d’écouter cet excellent podcast sur l’échec.
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Des photos comme ça, j’en ai plein mon Instagram pour me pousser à
méditer à 5h du matin
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