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Very Bad Trip
Drogue et science-fiction : bad trip assuré
« Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme telle qu'elle est, infinie » Les vers du poète mystique William Blake dans Le Mariage du Ciel et de l’Enfer (1793), que le pape de la SF Aldous Huxley empruntera cent-cinquante ans plus tard pour écrire ce qui est encore considéré aujourd’hui comme un des plus grands ouvrages psychédéliques, illustrent à merveille la fascination séculaire des écrivains pour ces substances qui les plongent dans un état de sidération, qui provoquent chez eux une révélation soudaine altérant leur rapport au monde. Cette transe les intéresse par essence parce qu’elle ouvre les champs du possible de la création. Elle vous fait accéder à d’autres dimensions mais elle permet surtout de plonger, plus loin que vous n’avez jamais été, dans votre for intérieur.
La confusion entre les réalités et les addictions est également à la base du Samouraï virtuel de Neal Stephenson (1992), monument cyberpunk. Dans une société qui partage son temps entre un monde où tout n’est que survie et un metavers plus épanouissant mais aussi plus dangereux, une drogue, le Snow Crash, sème le chaos parce qu’elle a le pouvoir d’affecter les deux univers en parallèle. Hiro Protagoniste, livreur de pizza pour la mafia le jour, hacker réputé et champion de sabre la nuit, devient le héros malgré lui d’une bataille entre réel et virtuel. Et cette phrase du roman de résonner longtemps : « Ce Snow Crash, au juste, c'est un virus, une drogue ou une religion ? »
Si la dope, ces étranges potions, sont partout dans la science-fiction, c’est parce qu’elles posent une autre question, celle de la performance et de la fabrique du surhomme, grande obsession des écrivains du genre. Déjà, dans L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886), écrit selon la légende lors d’une session cocaïne de six jours, Robert Louis Stevenson invente un sérum que s’injecte le docteur Jekyll afin de transformer son corps et de le libérer de toute inhibition. Pour le meilleur mais surtout pour le pire. |
C’est aussi une drogue qui rend L’Homme Invisible (1897) chez H.G Wells, grand maître de l’imaginaire qui, quelques années plus tard, publiera Le Nouvel Accélérateur (1901), roman méconnu mais génial dans lequel un savant fou fabrique une substance capable de décupler ses capacités cognitives et de ralentir le monde qui l’entoure.
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