En 75 pages, la brochure d’André Recoules raconte Jeanne Charpy qui fut peintre et religieuse, enseignante en dessin jusqu’en 1973 et créatrice des crèches monumentales qui ornèrent la cathédrale de Moulins, à partir des années 1950.
Saluons le travail d’André Recoules qui présente la première recension de ses peintures ainsi que sa première biographie. Il a retrouvé des photos des œuvres ou les œuvres elles-mêmes, la plupart du temps chez des particuliers, ainsi que de nombreux documents.
Une personnalité discrète
Née en 1894 à Moulins, Jeanne Charpy fréquente les cours de dessin de l’école municipale moulinoise fondée par Claude-Henri Dufour. Elle réussit le concours d’entrée à l’école des Beaux-Arts de Paris où elle est admise 5e sur 260 candidats. Lors de sa première exposition, à Paris, à 29 ans, elle présente ses premières aquarelles de fleurs. Un siècle plus tard, ces œuvres-là n’ont pas fané.
Croyante, elle peint aussi de nombreux portraits d’ecclésiastiques et de religieuses à qui elle fait don de ses œuvres. Elle travaille aussi sur commande pour des personnalités civiles. Jeanne Charpy entre dans les ordres, dans la Drôme, mais ses parents refusent que leur fille unique prononce ses vœux. Elle leur obéit.
Elle reprend des études et décroche, à 43 ans, une licence d’histoire de l’art antique et art du Moyen Âge. Avant la Seconde guerre mondiale, elle revient vivre à Moulins et devient professeur de dessin. Elle vit au couvent situé rue Achille-Roche et meurt, dans un grand dénuement, à l’âge de 94 ans.
Dans son livre, André Recoules consacre plusieurs pages au triptyque de La Trinité que Jeanne Charpy a peint et qui est aujourd’hui entreposé à la maison diocésaine Saint-Paul de Moulins.
Des œuvres variées
Dans l’église du Sacré- Cœur de Moulins, elle a peint des symboles eucharistiques, notamment des oiseaux, d’un simple trait noir, très élégant, qui sont toujours visibles. Tandis que les décors qu’elle a créés pour la cathédrale ont disparu. Heureusement, André Recoules les fait revivre, grâce à des dizaines de photos.
À voir aussi, dans cette brochure, le doux portrait Petites filles du sénateur Régnier, à la composition Art déco et à la clarté lumineuse, un portrait de Le Corbusier magnifique, qui semble réalisé avec la technique du pointillisme.
Jeanne Charpy a peint aussi des paysages : sa cascade dans le Doubs est envoûtante, son château de Fourchaud (visible des élèves de la cité scolaire Saint-Benoît) est audacieux.
Et André Recoules de terminer son ouvrage par ces mots : « Sa concession au cimetière de Moulins a expiré en 2009, la tombe devrait être reprise en 2023, souhaitons qu’une quête tenace puisse donner à celle qui fut la discrétion même la vraie place qu’elle mérite. »
Jeanne Charpy artiste moulinoise, par André Recoules, édité par Les Imprimeries réunies, avec le soutien de l’Amicale des anciens élèves de Saint-Benoît et de la Société d’émulation du Bourbonnais.