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Date : 05-03-2024 15:55:48
Il faut arrêter de lire tes infos sur X !
Un article scientifique publié fin janvier 2024 est repris par plusieurs publications et articles affirmant que des experts auraient déclaré « les potagers des citoyens responsables du désastre climatique ».
L’étude en question analyse la différence d’empreinte carbone entre les agricultures urbaine et conventionnelle. L’agriculture urbaine désigne les fermes urbaines, les jardins individuels et les jardins collectifs en milieu urbain.
L’étude conclut que « l’empreinte carbone des aliments issus de l’agriculture urbaine est six fois supérieure à celle de l’agriculture conventionnelle » notamment à cause de la durée de vie plus courte des infrastructures, et elle propose des pistes de solutions.
Des scientifiques auraient-ils affirmé que la pollution des potagers serait la principale menace pour l’environnement ? Va-t-il bientôt être interdit de cultiver son jardin ? C’est ce qu’affirment des articles et publications virales sur les réseaux sociaux, en se basant sur une récente étude.
Une publication partagée plus de 2.000 fois sur X, affirme par exemple : « Selon une "étude" récente du WEF [Forum économique mondial], des chercheurs auraient découvert que les aliments cultivés sur place "détruisent la planète". »
La conséquence serait que le Forum économique mondial et « d’autres fanatiques mondialistes du climat » exigeraient « que les gouvernements interviennent et interdisent aux individus de cultiver leur propre nourriture afin de "sauver la planète" du "réchauffement climatique". »
Dans le même registre, on trouve aussi un article intitulé : « Les experts du Forum économique mondial (WEF) déclarent les potagers des citoyens, responsables du désastre climatique. »
Fake Off
L’étude en question n’affirme pas que les potagers ou le fait de cultiver ses propres légumes seraient une des principales causes du réchauffement climatique. L’article, publié le 22 janvier dans la revue Nature Cities, ne recommande pas non plus l’interdiction des jardins individuels.
Il compare l’empreinte carbone, c’est-à-dire les émissions de gaz à effet de serre, générées dans les pratiques agricoles dans les villes (et donc non pas tous les types de potagers), à celles générées par l’agriculture conventionnelle.
« On a volontairement regardé tout ce qui pouvait jouer sur l’empreinte carbone, et donc de se pencher sur les infrastructures des jardins. Dans l’objectif, de pouvoir à la fin donner des conseils sur comment améliorer l’empreinte carbone », explique Agnès Fargue-Lelièvre, maître de conférences à AgroParisTech et coautrice de l’étude en question.
Une empreinte carbone supérieure à l’agriculture conventionnelle
La principale conclusion de l’étude, menée sur 73 sites d’agriculture en Europe et aux États-Unis, est que l’empreinte carbone des aliments issus de l’agriculture urbaine est six fois supérieure à celle de l’agriculture conventionnelle. L’article explique que cette différence réside en grande partie dans les infrastructures, telles que « les plates-bandes surélevées, les infrastructures et les structures de compostage » (par exemple les hangars).
« L’empreinte carbone la plus élevée est celle des petits jardins individuels, par exemple à cause des bacs en plastique », développe Agnès Fargue-Lelièvre. Tout dépend en fait de la durée d’utilisation de ces infrastructures, souvent courte. « Quand on affecte du foncier souvent c’est deux ans renouvelable. Donc vous n’avez pas d’investissement sur la durée. Ce qu’on montre c’est que si le jardin reste là 10 ans, 15 ans, vous divisez par deux ou par trois l’impact. »
Plutôt que l’interdiction des jardins individuels, les solutions avancées par l’étude se trouvent donc plutôt dans le réemploi, « le fait de développer la réparation et allonger la durée de vie des infrastructures, donc aussi allonger la durée de vie des projets » comme l’explique la chercheuse.
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