En terres catholiques, le mois de mai était temps traditionnellement de processions mariales et de festivités villageoises.
Le « festin » est un ensemble de festivités profanes et religieuses qui réunit la communauté villageoise, souvent à l’occasion de la fête patronale : la tournée des « aubades » par un groupe de musiciens ; la messe, accompagnée souvent d’une procession au cours de laquelle la statue du saint patron est promenée par les rues ; le festin proprement dit ; les jeux et enfin le bal.
À Nice, le temps des festins est lancé dès la fin du mois de mars ou le début du mois d’avril par le « festin des cougourdons » (Lou Festin dai cougourdon) à Cimiez, dont la tradition vivace perdure encore fin XIXe. Également connu comme « festin des reproches », il était l’occasion de rendre publics, pour les vider, les griefs que les couples avaient accumulés durant la longue cohabitation de l’hiver.
Le peintre niçois Clément Roassal (1781-1850) a laissé des charmantes vues de ces fêtes champêtres : Festin de Cimiez avec ses éventaires de mets populaires, Festin de Saint-Roch montrant la bourgeoisie niçoise banquetant pendant la nuit, Festin de li Verna représentant un quadrille traditionnel de paysans endimanchés dans les bois du Var, Festins de Saint-Barthélemy, du Ray et de Magnan…
Ces petites huiles exaltent les plaisirs des farandoles autour d’un mât sous les oliviers et les orangers, parenthèse festive, simple et joyeuse, loin des tracas d’un quotidien parfois pénible pour des paysans vivant de peu sur des terres arides.
Jusqu’au XIX e siècle, les voyageurs de passage à Nice, les artistes qui croquent des scènes sur le vif, remarquent la spécificité mais aussi la diversité des costumes niçois (gens de la terre, gens de la mer, etc.). Le costume est un marqueur social mais surtout, pour les travailleurs, une tenue adaptée au climat et à l’activité professionnelle. Quant aux nobles et aux bourgeois(es), ils sont, comme ailleurs, habillés « à la parisienne ».
L’approche ethnographique du musée d’art et d’histoire installé à la Villa Masséna en 1921 catégorise ainsi, pour la femme du peuple dans l’ancien comté de Nice, quatre familles de costumes : fleuriste coiffée d’une capeline, bergère de la touya, paysanne du caïreu, pêcheuse de la scouffia. Les étoffes sont colorées, fleuries, rayées, unies ou à carreaux.
Pourtant, dès les années 1930, l’imagerie touristique réduit cette diversité à une Niçoise stéréotypée, tricolore (noir, blanc, rouge) et coiffée d’une capeline, ce qui en fait une icône aisément reconnaissable pour une clientèle internationale. Quant à la figure du Niçois qui s’impose à ses côtés, c’est celle du pêcheur méditerranéen tel qu’il était croqué sur les vues du rivage niçois aux XVIIIe et XIXe siècles : bonnet rouge, chemise à lacets et taïole retenant sa culotte.
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