Passionnées par la musique ancienne, les œuvres à la fois simple et dense ou léger, mais complexe, on trouve les dissonances qui créent une harmonie sublime, trois chanteuses américaines consacrent (donnent) leur voix au service des grands compositeurs : Monteverdi, Purcell, Dowland, Campion, Legrenzi, Thomas Tallis… Parfois les rôles des instruments interchangent : le théorbe cède à la guitare ou donne sa place au violoncello baroque. De temps en temps les voix humaines se taisent, laissant les musiciennes s’exprimer seule la magie de ce répertoire.
Avec les paroles éternelles de notre cher Shakespeare :
If music be the food of love
PLAY ON !
EN ATTENDANT INFO :
Brian Evenson, La Confrérie des mutilés (2008) |
Ancien mormon qui a renié sa communauté pour l’écriture, Brian Evenson sait tout du poids de la secte, des ravages de l’embrigadement et des sacrifices qu’il faut consentir pour s’émanciper. Cette douleur intime, le maître de l’imaginaire, connu notamment pour ses romans de SF, l’a transformé en matière à fiction. Climax d’une oeuvre sans concession où l’horreur dispute à l’imagination, La Confrérie des mutilés est un des romans les plus gore et les plus dérangeants qui puisse passer entre vos mains. |
Depuis sa confrontation sanglante avec « le gentleman au hachoir », lors de laquelle il a dû lui-même se trancher la main et cautériser la plaie sur une gazinière pour mettre fin aux agissements du tueur, le détective Kline n’est plus qu’une ombre. Mais alors qu’il est prêt à renoncer à la vie, il est soudainement kidnappé par deux drôles de personnages, dont le corps est truffé de prothèse et recouvert de bandages. |
Gous et Ramse sont membres d’une confrérie, une secte d’amputés volontaires qui échangent le savoir et le pouvoir contre la chair. Dans cette société secrète les règles sont claires : plus vous consentez à vous séparer de certaines parties de votre corps - orteils, doigts, pieds, jambes, bras, oreilles, oeil, sexe - plus vous grimpez dans la hiérarchie. |
Aline, un homme tronc qui grâce à ses multiples sacrifices est devenu maître suprême, a été assassiné. Son meurtre n’a pas encore été révélé et Kline, avec sa main tranchée, est l’infiltré idéal pour découvrir la vérité. Mais entre machination politique, branche hérétique et sacrifices forcés, le job s’annonce des plus risqué. |
Ce qui fascine dans La Confrérie des mutilés, c'est sa capacité à exposer les rouages de l'endoctrinement de façon implacable. Kline, à force de côtoyer des croyants complètement inébranlables dans leur conviction, finit par s’habituer à une réalité insupportable, à en devenir malgré-lui un rouage. Le vilain défaut qui, sans cesse, le pousse plus loin dans les entrailles du mal ? La curiosité. Monument de macabre et de glauque, on y retrouve une fascination pour un body-horror qui repousse les limites, un goût pour la violence poussée à l’absurde et justifiée par la religion et ses mythes bidons. |
Avec un savoureux tragique de répétition, Membre fantôme commence exactement comme le premier opus. À peine revenu de l’enfer, plus en proies que jamais à ses démons, Kline est ramassé par la police dans un état de clochardisation et jeté en prison. Un détenu aux doigts et à l’oreille coupés ne tarde pas à le reconnaître et lui intime de “rentrer au bercail” pour une nouvelle mission. Cette fois, il doit démasquer une autre groupuscule de de la Confrérie, un clan de femmes qui tronçonne les hommes en deux et les congèle en attendant l’apparition d’un membre fantôme, transcendance suprême. La conclusion réussie d’un joyau dégoulinant, à la croisée du roman gothique, de Kafka et de Fight Club. |
Bonne lecture ! |
Pour se procurer les livres : |
|