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CGU RESPECT
EN ATTENDANT :
Pauvre Candide ! Chassé du château dans lequel il menait une vie paisible et à l’abri de tous les maux extérieurs, qu’il ignorait largement, ce dont on ne peut lui en vouloir, il va être plongé aussitôt dans un véritable abîme de violence et de cruauté.
Dans une succession de circonstances invraisemblables, alternant chance et malchance, il va se laisser transporter et secouer par les événements de la vie. Au cours de son périple à travers la planète, il ne va découvrir que champs de ruines, guerres absurdes, maladies et catastrophes naturelles. Peu de repos pour lui, comme pour le lecteur, dans une fable enlevée et au rythme trépidant, où l’on se régale des multiples métaphores, antiphrases et autres figures de rhétorique que l’auteur manie à la perfection.
Derrière l’histoire, un véritable pamphlet en faveur des libertés, de la condamnation de l’esclavage et de la manière dont les droits les plus élémentaires des êtres humains en général sont trop souvent bafoués ; une profonde satire de la société, ses dérives autoritaires voire totalitaires, la prégnance infondée de certains ordres au mépris d’autres qui leur sont dévoués et de la terrifiante cruauté humaine.
Voltaire use à merveille de l’ironie pour dénoncer les nombreuses tragédies qui se profilent derrière l’intolérance et le fanatisme, ou plus simplement encore le règne de la superficialité et des apparences (voir, au passage, un intéressant portrait de quelques mentalités bien françaises, que dépeint l’auteur avec une certaine justesse empreinte de sens de la parodie), qui mène à une conception par trop matérialiste de la société, où l’avidité engendre trop souvent la corruption, avec en exergue un véritable questionnement sur le bonheur.
Une satire de l’époque, où la recherche de l’Eldorado se mêle à l’irrationnel et les illusions sur les promesses du Nouveau Monde. Avec en arrière-plan, une magnifique attaque en règle contre l’optimisme excessif de certains philosophes de l’époque et les dérives utopistes auxquelles elles peuvent mener.
Un ouvrage très souvent recommandé pour les lycéens, mais que je ne regrette pas d’avoir lu sur le tard (si l’on peut dire…), tant le recul dont on peut disposer par rapport à une certaine connaissance du monde peut se révéler utile pour d’autant mieux apprécier la portée de l’ouvrage. Il n’est donc pas trop tard, si vous avez passé le cap des études, pour découvrir cette intéressante œuvre pleine de révolte et d’esprit critique.
Un grand classique à apprécier avec du recul.
— Voltaire, Folio, 272 pages.