Dans cette exposition, Agnès Thurnauer a souhaité s’intéresser au lien entre illustration et peinture, entre édition et tableau, qu’Henri Matisse n’a eu de cesse de travailler. Pratiquant l’écriture quotidiennement, l’artiste est aussi une grande lectrice et le livre est souvent pour elle le premier lieu des tableaux. Cet attachement résonne tout particulièrement avec l’œuvre de Matisse et sa conception du livre comme espace architectural décloisonnant hiérarchies et genres artistiques.
L’exposition a pour fil directeur les cinquante lettres que l’artiste a adressées à Matisse, entre avril 2021 et janvier 2022, après une première visite au musée. Dans ces écrits, Agnès Thurnauer interroge plusieurs notions fondamentales pour elle, en particulier la question des « états » de la peinture que Matisse a consignés en faisant photographier ses tableaux tout au long de leur réalisation. À ces lettres répond une longue ligne de Prédelles – sorte de répétition, d’écholalie de la peinture, variant couleurs et crayons, syllabes et césures. Comme si les pages des lettres étaient remontées sur les cimaises.
Dans le travail d’Agnès Thurnauer, le rapport entre écriture et peinture, entre langage et formes conduit souvent à mettre en écho le plan horizontal et le plan vertical. Ainsi ces sculptures en forme de moules de lettres – les Matrices/Assises installées devant la grande gouache découpée Fleurs et fruits – semblent-elles parfois sorties des tableaux pour nous proposer une déambulation picturale dans l’espace.
Le parcours se poursuit dans les salles de la collection permanente à travers un choix d’œuvres de l’artiste qui s’inscrivent en écho à l’univers matissien. Une place particulière y est faite aux livres illustrés d’Henri Matisse, partie de son œuvre encore trop peu connue, que le musée souhaite remettre en exergue à l’occasion de cette exposition.
AAgnès Thurnauer en 2020 © Photo : Florian Kleinefenn
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