Direction : Sébastien DRIANT
Entrée libre dans la limite des places disponibles.
EN ATTENDANT :
Après avoir dévoré tous les livres qui vous ont accompagné, cet été, dans votre valise....
Il est grand temps de découvrir, sans plus tarder, ceux d' octobre qui vous aideront à passer le cap de la rentrée, sans cafarder.
Antoine Dole, le créateur de « Mortelle Adèle », s’impose avec « Six pieds sur terre » au rayon adulte.
Un regard perçant posé sur la mélancolie
Camille reconnaît d’instinct les êtres abîmés. C'est dans son ADN, depuis l'enfance passée avec une mère fragile, que de raviver les petites braises enfouies dans les cendres pour relancer l'étincelle de la vie. Lorsqu'elle rencontre Jérémy, la jeune femme sent aussitôt « vibrer en lui les courants d'air tristes », devine les fêlures et leur cortège de soleils noirs. N'importe quelle fille serait partie. Camille l'aime dès la première seconde. Durant quatre ans, elle ne cesse de réparer les déchirures, de souffler l'aurore sur les ténèbres, et leur couple tient. Mais lorsqu'émane une « ombre de quelques centimètres au plafond » – un dégât des eaux –, Jérémy s'effondre. Ce fracas de l'intérieur se calque sur la prose de l'écrivain qui fait sortir de l'ombre ce qui se dérobe aux mots : les angles morts. Camille évoque l'envie d'avoir un enfant. Le décalage est alors total. Pour Jérémy, le compte à rebours est lancé : « Il suffit de le souhaiter une fois, d'appeler la mort de toutes ses forces, pour qu'elle réponde à l'appel dans les années qui suivent. […] » Tout sonne effroyablement juste. On pourrait croire qu'Antoine Dole s'enferme parfois dans son sujet, non, c'est un choix assumé de tout nommer. Ses phrases brûlantes d'un spleen glacial, comme une matière en fusion, s'écoulent sans jamais se figer.
« Six pieds sur terre », c'est du vivant.