Rauba Capeu

Je gravis lentement la douce montée le long du quai des Etats Unis  et ensuite des Ponchettes. Elle me conduit dans cet endroit que je considère comme magique

à Nice : Rauba Capeu. 

Cette lenteur est à chaque fois de circonstance. Elle existe pour me préparer à admirer ce paysage magnifique que je découvre à chaque visite comme une première fois.

Ce lieu est toujours une nouvelle découverte, un nouveau paysage. Pourtant, la nature est la même, les maisons changent peu, les plages, la mer, les rochers tout en bas sont toujours aussi fiers, mais semblent à chaque fois différents.

La mer étend sa gigantesque empreinte. Sa couleur change selon le temps qu'il fait. Elle est grise, bleue, verte, illuminée par un soleil éclatant. Toujours si belle et majestueuse.

Les couleurs du ciel varient, se mêlent à la mer, comme dans une union inattendue, ou s'opposent pour montrer leur différence et nous ravir encore davantage.

Sur les plages en bas, les humains ressemblent à des fourmis. Ils font partis du paysage, et leur petitesse accroit l'immensité du lieu.

Ici, l'air sent l'iode, le vent caresse votre visage.

Les sons ne m'atteignent pas, je les ignore, tant le paysage est grandiose et je me sens absorbée par lui.

Cette vue panoramique m'emporte dans tous les mystères et la beauté de Nice...

Le défi de Kévin

Kévin admirait une fois de plus la magnifique vue devant lui. A cet endroit précis, les couleurs du ciel varient, se mêlent à la mer comme dans une union inatttendue, ou s'opposent pour montrer leur différence et ravir davantage le spectateur.

En découvrant à nouveau ce paysage familier, il comprenait à l'instant même d'où lui venait son inspiration dans la création de ses modèles.

Les couleurs qu'il affectionnait le plus s'étalaient devant lui : dégradés de bleu, de vert, de gris, de jaune éclatant.

Depuis le défilé de l'année dernière où la robe qu'il avait créé avait fait l'admiration du tout Paris, Kévin avait été engagé par le grand couturier Jean-Paul GAULTIER.

Ces derniers temps, le maître de la couture faisait souvent quelques remarques acerbes à Kévin. Il dénigrait ses derniers dessins de robes du soir. Il avait même suggéré à Kévin de prendre quelques jours de vacances pour réfléchir sur son travail.

Le monde de la couture était redoutable. Kévin y avait sa place, mais il devait se renouveler pour espérer la conserver.

C'est ainsi qu'il s'était retrouvé devant le paysage qu'il affectionnait le plus dans son enfance et l'avait tant de fois inspiré : Rauba Capeu.

Pour lui, cet endroit particulier de Nice représentait la perfection pour stimuler son imagination créatrice. un retour aux sources de son enfance, à ses premiers émois de jeune garçon, à ce qui fait se sentir exister et vivant.

Le regard de Kévin se posa sur l'étendue infinie de la mer. Il venait de décider de se battre pour conserver sa place.

Assis devant le paysage grandiose, son chevalet à côté de lui, il pensait à cet instant à l'histoire de Peau d'äne et à la robe couleur de soleil, et commença à dessiner...

                                                                     NGV