Vendredi 23 septembre 2022 à 18h30
« Au début, la photographie documentaire d’Amandine Mohamed-Delaporte se pose comme une base pour la documentation, la recherche, l’enregistrement – puis quelque chose d’autre se produit. Le travail d’éclairage ne s’applique plus seulement à l’espace de l’image, mais s’étend au-delà comme un moyen de montrer, d’exposer et de sculpter. L’étalement urbain, l’urbanisme et les bâtiments modernes – des espaces que beaucoup d’entre nous connaissent – sont ses domaines de recherche. Alors que la première intervention de l’artiste est de documenter ces lieux périphériques, son travail se poursuit ensuite en atelier, où elle expérimente ses découvertes jusqu’à l’installation ou la sculpture. Ses images descendent des murs et prennent leur place dans l’espace. Ce sont des images qui s’incarnent dans des volumes; ce sont des compositions matérialisées de lumière. Il y a des effets qui, lorsqu’ils sont ajoutés à l’image pour mettre en évidence un détail, deviennent le cœur de ce qu’il y a à voir. [...]
Parfois, le matériau photographié devient le matériau tangible de la pièce, une tentative d’expérimentation qui a bouilli sur elle-même. Un très fort sens de la structure surgit et l’assemblage a lieu. Utilisés sous leur forme brute et identifiable, le béton, le plâtre, le plexiglas et la gélatine génèrent une relation directe et directe avec le corps du spectateur. On est invité à participer à la liberté produite par cette malléabilité retrouvée des espaces urbains et à tout ce qui pourrait s’y développer presque illégalement. La technique peut en elle-même devenir le sujet d’une pièce. » [...]
Extrait de Diffraction – une pratique photographique expérimentale, Émilie Saccoccio, 2019
Traduit par Lucy Pons, 2020
EN ATTENDANT :
Samuel Beckett En attendant Godot 1989 [France TV]