Né à Marseille le 30 avril 1927, l’artiste plasticien Louis Pons y est mort à l’âge de 93 ans le 12 janvier 2021 au terme d’une longue maladie. Son œuvre, faite de milliers de dessins et de centaines d’assemblages d’éléments trouvés et transformés, échappe aux définitions et aux catégories habituelles : ni artiste « brut » au sens que Jean Dubuffet donnait à l’adjectif, ni surréaliste en dépit de quelques affinités passagères.
Seul le terme d’autodidacte paraît acceptable. Issu d’un milieu très éloigné de l’art, Pons ne commence pas par fréquenter une école des beaux-arts, mais par multiplier les activités alimentaires les plus diverses. Il est, plus ou moins brièvement, comptable, ouvrier agricole, vendangeur, peintre en bâtiment ou dessinateur de presse. Cette jeunesse à la Jack London finit brutalement quand, en 1948, il est diagnostiqué tuberculeux. Après un an et demi d’hospitalisation dans un sanatorium d’Hauteville, dans le Bugey (Ain), il séjourne pour achever de guérir dans des villages de Provence et de la Côte d’Azur, à Simiane-la-Rotonde, Saint-Paul de Vence ou Sillans-la-Cascade. Il s’y livre à ce qui s’impose alors comme l’une de ses deux activités principales, dessiner, l’autre étant lire. Il lit le poète Joe Bousquet et le philosophe et physicien Georg Christoph Lichtenberg.
« Pour tuer le temps », en a-t-il dit plus tard, il dessine, à la plume d’acier Sergent Major et à l’encre : insectes imaginaires, oiseaux humanisés, humains en voie de métamorphose végétale. Les distinctions habituelles entre les différents ordres – l’animal, l’humain, le minéral et le végétal – s’abolissent : ces entrelacs sont-ils des nervures, des artères, des systèmes nerveux, des failles rocheuses ? Il réalise alors, solitairement et sans chercher à rejoindre le groupe réuni autour d’André Breton, le projet surréaliste d’un dessin automatique soumis à la seule dictée de l’inconscient.
EN ATTENDANT :
Magazine N°32 : Hommage à Louis Pons
Centième anniversaire de la naissance de Raymond Devos