EN NOVEMBRE
avec Bertrand Cochard
Parmi toutes les écoles de philosophie antique, c'est probablement le stoïcisme qui bénéficie aujourd'hui de l'aura la plus importante. Et comment ne serait-ce pas le cas, dans la mesure où cette doctrine nous enjoint à cultiver notre liberté intérieure, en nous rappelant incessamment que ce ne sont pas les choses qui nous troublent, mais les évaluations que nous prononçons sur elles ? Au cours de cette conférence, nous découvrirons les grands principes de l'école stoïcienne, tout en interrogeant le sens de sa mobilisation, souvent abusive, dans le domaine du développement personnel.
Aujourd’hui il n’est pas rare, il est même assez fréquent, de voir apparaître des références aux écoles de philosophie antique dans des manuels de coaching et de développement personnel.
« Devenir soi », « lâcher prise », « être aligné » et « authentique », ces injonctions relèvent d’une spiritualité diffuse, qui s’alimente à plusieurs sources, et notamment à celle de la philosophie antique.
Que l’on se tourne vers le stoïcisme et l’épicurisme par temps de crise n’a rien d’étonnant : ces traditions, elles-mêmes nées dans le contexte mouvementé de ce qui a reçu le nom de « période hellénistique », ont bien pour objectif de préparer leurs disciples à affronter l’existence et ses tempêtes.
En revanche, il n’est pas certain que les images contemporaines de ces doctrines – « le stoïcisme, école de la résilience » (sic) – leur correspondent tout à fait. Et peut-être ne peut-on les lire pour ce qu’elles sont susceptibles d’être – des manuels antiques de survie au monde contemporain – que pour autant que l’on se débarrasse de telles images.
L’objectif de ce cycle de conférences est de proposer des initiations aux sagesses de l’Antiquité, de présenter les exercices spirituels que les écoles de philosophie préconisaient, et cela en vue de montrer que certaines des valeurs qui structurent le monde contemporain sont précisément du type de celles dont le disciple devait débarrasser son esprit, afin de pleinement commencer à philosopher.
vendredi 22 novembre, 19h30.
RESPECT CGU
EN ATTENDANT :
Est-ce que toutes les vies sont équivalentes ? La question se veut épineuse et la réponse dépend totalement de la philosophie abordée. L’approche égalitariste dit que oui, toutes se valent et qu’il est injuste que certaines soient considérées comme plus importantes que d’autres. Les utilitaristes, de leur côté, n’ont pas de problème avec l’idée de trier parce que toutes n’ont pas la même valeur. La médecine moderne joue beaucoup avec ces questionnements éthiques.
Depuis les guerres napoléoniennes où les méthodes de bataille sont devenues de plus en plus violentes, les médecins ont commencé à réfléchir sur la question des primautés. Dominique Larrey, entre autres, est un des premiers qui s’est rendu compte qu’il fallait, par exemple, réaliser en priorité les amputations car elles étaient plus faciles et moins dommageables sur le long terme que d’attendre avant de les effectuer. La Seconde Guerre mondiale a vu Winston Churchill inviter les docteurs à privilégier dans l’usage de pénicilline les soldats les plus susceptibles de retourner au front. Par conséquent, l’antibiotique a servi davantage auprès de ceux ayant attrapé une gonorrhée que des blessés plus graves.
Des premiers tests sur les dialyses à la covid-19, le monde médical a été confronté à des choix parfois déchirants sur les patients à soigner. Ainsi, l’organisme Médecins sans Frontières va dans des régions du monde pour traiter des crises particulières au détriment d’autres besoins thérapeutiques. Cela fait partie de sa réalité.
Le problème n’est pas tant le tri selon des facteurs médicaux qui effacent les différences socioéconomiques que les choix qui les accentuent. Par exemple, faire d’un médicament en particulier un produit « de luxe » alors qu’il ne coûte pas si cher à produire. Ce tri (conscient ou non) du monde pharmaceutique et médical est bien plus problématique que celui des patients.
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