Vendredi 13 septembre 2024 à 8h45
EN ATTENDANT :
L’histoire commence de manière un peu étonnante. On ne comprend pas bien ce que ces enfants font là, sur cette île. À peine une ou deux allusions assez vagues. Puis, un peu trop de descriptions de paysages à mon goût, caractéristiques, il me semble, des romans d’une certaine époque.
Sur le fond, le sujet est intéressant : que deviendraient de jeunes enfants, livrés entièrement à eux-mêmes, perdus sur une île loin de la civilisation ? Comment vivraient-ils ? Comment feraient-ils pour se nourrir, se loger ?
Mais surtout, la question posée ici est très rapidement celle de l’organisation : à qui la confier ? Faut-il un chef, une autorité ? Et quelles formes celle-ci peut-elle prendre ? Comment, aussi, prendre en charge les plus petits, apeurés, effrayés par le noir la nuit et la présence possible de bêtes sauvages, alors qu’ils sont contraints, de fait, à devoir dormir en pleine nature ?
Terribles questions existentielles qui vont se heurter, sur fond de jalousie, à une histoire de rivalité, puis progressivement de sentiment de toute-puissance, là où, de prime abord, les adultes, dont on voit qu’ils sont idéalisés en partie à tort par les enfants, leur manquent cruellement. Mais sans qu’ils cherchent à s’en lamenter, se résignant plutôt à leur sort et cherchant à faire face à leur destinée.
Un roman terrible, cruel, abordant à la fois la question existentielle mais surtout celle du besoin d’ordre et des dérives de l’autorité. Une dernière partie assez puissante et angoissante. Dommage que l’écriture soit un peu lente et pas toujours claire. Maintenant qu’il existe un film tiré de ce roman, je pense que pour une fois je l’aurais probablement préféré à ce dernier. Mais bravo tout de même à William Golding pour avoir imaginé cette histoire, dans le contexte de l’immédiat après-guerre.
— William Golding, Belin – Gallimard, 336 pages.