"D'habitude, je fais des photos de paysages très construites. Je cherche la structure, la netteté, le graphisme…" détaille-t-elle.
"Là, c'est différent. J'aborde le motif sous un angle particulier : entre la réalité et le songe".
"C'est un peu une balade au fil des eaux azuréennes et des rencontres qui s'imposent à moi".
Perrine de la Bretesche "attrape des moments". Les images donnent volontairement dans le fantomatique, "brûlé par l’objectif".
Elles sont à "la limite de l’abstraction. Je trouve qu'en en montrant moins, on ressent plus de choses. On est dans un rêve éveillé".
Après avoir passé dix années en tant que directrice artistique à Paris, elle a tout plaqué pour partir vivre au Brésil. "C'est là que j'ai ressorti mon appareil. Puis je suis arrivée à Nice il y a quatre ans. Je suis tombée complètement amoureuse de cette ville et de la région".
"J'aime toutes les saisons ici. Il y a des lumières, une clarté, qui sont assez incroyables. Il y a un calme puissant, une profondeur. La mer représente l'infini, la liberté…"
Il y est également possible d'apercevoir des photos prises à Marseille, et en Espagne.
« Dans le texte Image fantôme écrit par le critique photographique Hervé Guibert c’est le souvenir d’images qu’il n’a pas réussi à photographier qui déclenche son besoin de les décrire. Son impossibilité à saisir les sentiments, les attitudes des gens qu’il aime l’ont conduit vers le texte, ses images devenant de fait fantomatiques.
Dans l’exposition Vague Nitescence la démarche s’inverse, cette vibration de la vision est au cœur du travail de Perrine de la Bretesche . Dans la série exposée à la Galerie Depardieu, les images sont volontairement fantomatiques, brûlées par l’objectif. Les personnages s’étirent et se déforment laissant place à des attitudes parfois hiératiques à la limite de l’abstraction.
L’artiste emmène le spectateur dans l’interstice de ce moment de relâchement, bref instant entre réalité et songe lorsque la vision et l’ouïe se troublent laissant apparaître les images récentes de moment tout juste vécus.
La lumière surexposée, paradoxalement, vient effacer les détails des corps exposés que Perrine de la Bretesche ne cherche pas à montrer, préférant mettre en avant un système narratif de groupes de personnes évoluant au bord de l’eau, éléments immuables d’un paysage, d’un terrain de jeu. Parfois c’est autour d’un rocher qu’apparaissent des personnages, il devient le repère, le signal de ses photographies qui semblent dessinées.
Perrine de la Bretesche plonge le spectateur de ses images évanescentes dans le souvenir furtif d’un lâcher prise collectif ».
Delphine Ract Madoux
Commissaire d’exposition indépendante
EN ATTENDANT :
Hervé Guibert : "Il y a des photos qu’on espère et qu’on n’arrive jamais à faire" (radiofrance.fr)