Suivi d'un temps de discussion avec Cyril Neyrat, directeur artistique du FIDMarseille.
Visuel : One, Two, Many de Manon de Boer
Le film “One, Two, Many” de Manon de Boer, réalisé en 2012, met en scène trois performances distinctes:
Chaque partie aborde l’espace existentiel de la voix d’une manière unique. La cinéaste explore ces thèmes en utilisant différentes perspectives audiovisuelles, mettant en scène le corps de l’individu, l’écoute de l’autre et la recherche de la juste distance face à plusieurs voix dans un espace public.
Le film a été présenté pour la première fois sur trois écrans à dOCUMENTA13 en 2012. Il s’agit d’une œuvre qui interroge constamment le support cinématographique et explore la relation entre le langage, le temps et la quête de vérités personnelles.
Manon de Boer, artiste belge, a poursuivi son éducation artistique à l’Académie des Beaux-Arts de Rotterdam et à la Rijksakademie des Beaux-Arts d’Amsterdam. Son travail a été exposé dans des événements culturels majeurs tels que les biennales de Venise, Berlin, São Paulo et Taipei, ainsi qu’à Documenta. Elle habite actuellement à Bruxelles.
Hier., un film de Wendelien van Oldenborgh, est une œuvre de 27 minutes réalisée en 2021. Dans ce film, nous rencontrons un groupe de jeunes femmes qui s’expriment à travers la musique, la poésie et le dialogue. Tourné au Musée Arnhem (Pays-Bas) pendant sa rénovation, le film explore des thèmes tels que l’hybridité, la trans-nationalité et la sensibilité diasporique. Ces jeunes femmes abordent l’instrumentalisation politique de l’identité et le renouveau culturel au milieu des résonances persistantes de l’histoire coloniale dans la société contemporaine. Le lieu lui-même, le Musée Arnhem, joue également un rôle significatif dans le film. À l’origine construit à la fin du XIXe siècle comme un « club en plein air », il était fréquenté par des résidents d’Arnhem qui n’avaient pas le statut social pour devenir membres de la Groote Sociëteit située au centre-ville. Beaucoup de ces membres avaient un passé colonial. Dans le film, nous voyons le bâtiment dénudé jusqu’à ses fondations, avec du béton usé et des éléments élégants de style Art nouveau juxtaposés. Hier. nous emmène dans un voyage entre réflexions politiquement chargées et souvenirs personnels, à travers une constellation de voix et de matériel lyrique. C’est une exploration tendre et confiante, où l’amitié, l’amour, les questions existentielles et les certitudes se mêlent pour exprimer les bases d’un avenir possible en mutation.
Pour en savoir plus sur Wendelien van Oldenborgh, vous pouvez visiter son site web ici
Sappukei, réalisé par Chun Wang et Hikky Chen, est un court-métrage taïwanais de 18 minutes sorti en 2022. Voici un aperçu de ce film intrigant :
Synopsis : Une réalisatrice japonaise se trouve à Saigon pour tourner un film. Cependant, son acteur principal disparaît soudainement. Ce simple résumé ne rend pas justice à la richesse de Sappukei. Le film est un jeu de pistes, un voyage dans le temps, une réflexion sur la création et une invitation à l’exploration.
La réalisatrice commence à remettre en question le sens des résonances et des échanges qu’elle a vécus dans la ville. Elle perçoit les images devant elle avec une clarté nouvelle. Les rencontres inattendues et les arrivées planifiées oscillent dans son esprit, créant une tension entre ces deux concepts presque contradictoires. Ce qu’elle ressent n’est pas un souvenir du passé, mais une vision du futur. Les traces que Saigon a laissées sur son corps forment une sculpture sans dimensions.
Le titre Sappukei est un terme japonais composé des mots Satsu (tuer) et Fukei (paysage). À l’origine, il désignait la destruction d’un paysage magnifique, entraînant la perte des sentiments joyeux que l’on éprouverait en l’admirant. Lors de son voyage à Saigon, la réalisatrice prévoyait initialement de filmer un homme dans une épicerie. Cependant, lorsque cet homme a disparu, elle a dû reconsidérer sa perception des choses. Comment dépeindre le départ d’une personne ? Elle est retournée sur les lieux de tournage initiaux et a remarqué des détails différents, des scènes différentes. Si son premier sujet n’était pas parti, ces paysages n’auraient-ils jamais fait partie de sa vie ? Ou auraient-ils pris une tonalité différente ? L’approche d’une rencontre est complexe et changeante, et sa signification est souvent difficile à prévoir. C’est des années plus tard, en regardant en arrière, qu’elle réalise soudainement l’importance de ses décisions initiales.
Lorsqu’elle filme, elle a souvent l’impression que les scènes devant ses yeux étaient déjà là, attendant qu’elle les découvre. Dans les rencontres soudaines et inattendues, qui transcendent les contraintes d’une chronologie linéaire, une image se déplace progressivement du désordre vers l’ordre. Si l’on fixe une personne ou un paysage pendant une période prolongée, on oublie l’illusion du temps linéaire et entre dans une conscience totale. La perception de chaque geste et de chaque événement laisse une empreinte imperceptible sur notre corps. L’acte de destruction de Sappukei est une résistance contre notre conscience innée limitée, afin de créer un chemin vers une vraie conscience, c’est-à-dire une perception totale.
Ce court-métrage fascinant nous invite à réfléchir sur la manière dont nous percevons le monde et les rencontres qui laissent des traces indélébiles sur notre existence.
“A Potentiality” est un court-métrage réalisé par Dana Berman Duff en 2020. D’une durée de 16 minutes, il nous plonge dans une réflexion sur la signification de décrypter l’Histoire en marche.
Le film se déploie en deux mouvements. Dans le premier, nous découvrons des mots découpés et cadrés en très gros plan. Ils proviennent d’une page de quotidien, avec la grisaille du papier et la trame sous-jacente. L’encre noire des lettres imprimées trace des grondements d’une actualité internationale. Ce travail artistique s’inspire de l’artiste Susan Silton.
Le deuxième mouvement explore la potentialité de déchiffrer cette Histoire. Le film nous invite à réfléchir sur la manière dont l’Histoire devient causale en rétrospective.