Toucher et valoriser tous les sens du spectateur pour qu'il soit au centre de l'œuvre, dans une expérience unique : c’est l’objectif des étudiants UCA qui ont placé la 22ème édition de Mars aux Musées, sous le thème de la "Quintessence", une façon de devenir l'essence d'une oeuvre d'art.
EN ATTENDANT :
La maladresse des publicitaires donne parfois le sourire. Une fois confondus dans leur crasse bêtise, ils se réfugient derrière le service de communication, qui rame pour rattraper la bévue. Il suffisait pourtant d’un brin de vigilance… à moins que les écrans ne ramollissent les esprits — et favorisent la souscription de crédits ?
Sponsor attitré d’équipes de cyclistes toujours prêtes à gravir des sommets, Cofidis a plutôt franchi un cap, que dis-je ? Une péninsule ! Très éloigné des louables intentions et préoccupations d’une année 2022 où la lecture fut sacrée Grande Cause nationale, ce Mont-de-piété 2.0 basé à Villeneuve-d’Ascq a d’autres projets que de vous faire bouquiner.
Filiale du Crédit Mutuel, rappelons que Cofidis avait originellement vu le jour en 1982 pour financer les emplettes des clients du catalogue 3 Suisses. Aujourd’hui, le « spécialiste du crédit en ligne » compte bien plus de partenaires, de l’opticien aux vêtements de sport, la réparation de voitures, les cuisines ou l’électronique. Tiens, justement : l'électronique est au coeur d'une de leurs réclames...
Les temps sont durs, la crise frappe à l’huis de chacune et chacun, l’inflation galope plus vite que la marée montante au Mont-Saint-Michel, le futur angoisse… Le citoyen préfère s’installer confortablement devant son téléviseur — écran plat, NeoQLED 8K tout de même —, afin d'oublier frimas et finances. Mais drame : la télé a lâché.
Cofidis établit alors le pire des scénarios catastrophes : impossible, avec le loyer qui s’en vient, de racheter un nouvel écran. Vous voici condamné à lire des livres ! Ah, l’infâme punition ! Vous avez assurément été bien méchant dans une vie antérieure pour subir pareil coup du sort… Un bouquin ! Alors que la saison 57 de cette série passionnante a tout juste débuté !
Il paraît même qu’à l’origine, les livres, c’était des rouleaux : autant parcourir ceux de papier hygiénique, au moins, parfois, il y a des images… Fort heureusement, Cofidis vous épargnera la pénibilité de pages à tourner ou les céphalées qu'induisent des concentrations prolongées sur des lignes noires. Voici en effet la publicité reçue par email que des lecteurs nous ont fait suivre :
Sa solution d'endettement facilite le rachat d’un nouveau poste (montant maximum de 6000 €... une belle TV en perspective) : de quoi garantir la dose d’opium audiovisuel nécessaire à engloutir les publicités vantant les mérites de sociétés de prêts d'argent ? D’ici à ce que l’on ait besoin d’y souscrire pour acheter du papier toilette, justement. Ah, le temps de cerveau disponible...
Las ! Comment le locataire de l’Élysée resterait-il insensible à pareille asservissement ? Ne faudrait-il pas interpeller la présidence ? Eh bien... que l’on comprenne le dilemme qui écartèle Emmanuel Macron : certes, il porte à bout de bras cette « nation de lecteurs » qu’est le peuple français – quand il ne remet pas de médaille à un milliardaire qui a changé le livre en solution pour financer des voyages dans l’espace...
Mais si l'on se remémore de l'arrivée du jeune Manu, en septembre 2008, à la banque Rothschild, alors on saisira toute l'émotion qui se dégage de cette affaire. L’un de ses premiers dossiers fut… le rachat de Cofidis par le Crédit Mutuel : entre un peuple de lecteurs et une nation d'endettés avachis devant une télé, que préfère-t-on diriger ?
On saluera, au passage, la malédiction que l’écrivain Éric Pessan a jetée, en découvrant cette campagne : « Vaut mieux, en effet, se surendetter que de lire un livre. (Je leur souhaite des furoncles purulents au cul). »
Nicolas Gary