Tom (Chris O'Dowd), critique musical au chômage, et Louise (Rosamund Pike), médecin gériatre, débriefent au pub toutes les semaines pendant dix petites minutes, avant leur rendez-vous hebdomadaire en thérapie de couple.
Dans ces préliminaires d'un autre genre, qui se jouent dans un quasi huis-clos, la série british State of the union fait tout reposer sur le dialogue. Avant de passer aux choses sérieuses, le couple jauge l'humeur du jour, entrevoit les chemins que prendront la session à venir.
Face à face, avant d'être côte à côte, les deux quadras s'engagent dans une joute, non sans humour et légèreté. Et l'on comprend que la décision d'aller en thérapie compte peut-être autant que la thérapie elle-même.
Il suffit de peu à la série - une petite dizaine de minutes - pour voir large, en dehors du cadre, grâce au talent combiné de Nick Hornby (scénario) et de Stephen Frears (réalisation). Imagées, inventives, les réparties de Tom et Louise fusent, s'enchaînent à une cadence parfois très élevée.
Un brin théâtrale, la série a le défaut de ses qualités : dans la "vraie vie", un conflit s'embarrasse-t-il de métaphores filées ? Mais c'est aussi le côté jouissif de cette première saison, qui met en lumière toute l'intelligence de l'écrivain.
Quand on croit avoir saisi les personnages, ils nous surprennent, profondément humains, et donc, vraisemblables. Leurs changements révèlent l'ellipse entre chaque épisode : des semaines pendant lesquelles ils évoluent, pour revenir changés, quand l'autre ne les en croyait plus capable.
Cette psychologie se retrouve dans la saison 2, plus grave, dans laquelle s'opposent Scott (Brendan Gleeson) et Ellen (Patricia Clarkson), deux sexagénaires américains qui ne se font pas la même idée de la retraite.
Scott, boomer patent et bougon invétéré, déteste le café branché au-dessus duquel se trouve le cabinet de leur couple de thérapeutes. Derrière le comptoir, Jay est non-binaire, ce qui le déstabilise, et les cafés sont trop nombreux et élaborés (il veut un "simple" café).
Pourquoi ne retournent-ils pas voir celui, près du golf, qu'ils voyaient quand il avait trompé Ellen ? Parce qu'il est, lui aussi, à la retraite. Scott est un "boomer", empêtré dans le passé. Ellen, elle, veut encore découvrir le monde et laisser plus de place à la surprise dans sa vie.